Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

La place dans la fratrie détermine-t-elle le caractère ?

Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire « Darons Daronnes » sur la parentalité, envoyée tous les mercredis à 18 heures. Pour la recevoir, vous pouvez vous inscrire gratuitement ici.
Cette semaine, un ami parti vivre aux Etats-Unis depuis sept ans, de passage à Paris, est passé prendre l’apéro à la maison. Il n’avait pas vu mes enfants depuis un bon moment. L’aînée, 9 ans, a passé deux heures enfoncée dans le fauteuil du salon, à lire un Astrapi tout en nous délivrant de temps à autre des informations incongrues : « Tu savais que le ciment de la muraille de Chine était fait en riz gluant ? » La deuxième, 6 ans, a passé deux heures à tourner autour de mon ami, à lui poser mille questions en papillonnant pour monopoliser son attention. Le dernier, 4 ans, a passé deux heures à creuser un trou dehors sans jamais venir nous voir, hormis pour réclamer sa tétine.
En partant, mon copain a commenté, à l’intention de mes filles : « Toi, t’es vraiment une aînée ! Et toi, une caricature d’enfant du milieu. » (Le benjamin creusait son trou.) Cet ami a trois filles, qui semblent assez bien correspondre au schéma décrit ci-dessus.
Pour la millionième fois de ma vie de parent, je me suis posé cette question : nos enfants sont-ils réductibles à leur place dans la fratrie ? Ma fille aînée est-elle studieuse, calme et appliquée juste parce qu’elle est arrivée en premier ? La deuxième est-elle un monstre de sociabilité juste parce qu’elle est au milieu ? Et le dernier, tranquille peinard parce que… dernier ? Mon premier réflexe est de lutter contre cette idée, parce que je la trouve vexante en tant que parent. Mes enfants sont formidables et singuliers parce qu’ils sont formidables et singuliers, me dis-je, et grâce à leurs parents merveilleux, pas parce qu’ils ont tiré les numéros un, deux et trois à la loterie des gamètes !
J’ai donc lu un tas de documents qui me confortaient dans l’idée que le rang dans la fratrie n’a aucune conséquence sur le caractère. Des études en ce sens ont été menées, par exemple celle-ci, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis en 2015, auprès de 20 000 adultes. Elle montre qu’il n’y a pas de différence significative entre des aînés et des derniers, en matière de stabilité émotionnelle, d’extraversion, d’imagination, etc.
Mais une petite voix me répétait que, quand même, j’étais un peu de mauvaise foi. Que le moment où l’on naît, où l’on arrive dans la famille, a forcément une importance. Vous avez peut-être vu passer cette nouvelle expression apparue dans les médias américains (dont le New York Times) à la suite d’une vidéo TikTok et d’un tweet devenus viraux : le « syndrome de l’aînée » – née à la fois fille et la première, pas de bol.
Il vous reste 68.41% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish